Sur la route de Tryon avec Kebir Ouaddar

CARTE POSTALE

Cheval du Maroc a décidé de mettre ses pas dans ceux de Kebir Ouaddar et de son entraîneur, Marcel Rozier. Jusqu’aux Jeux Equestres Mondiaux de Tryon aux Etats-Unis (10 au 23 septembre 2018), le couple vedette des sports équestres marocains vous fait partager le quotidien de leur fabuleux cheval Quickly de Kreisker, leurs joies, leurs doutes, leurs espoirs, leurs rêves. Confidences exclusives...

 

 

 

Il ne faut pas tourner autour du pot. Notre fin d’année a été décevante et notre tournée lors du Morocco Royal Tour (MRT) n’a pas été à la hauteur de nos objectifs. En fait, nous devons reconnaître que nous nous sommes relâchés après les Jeux Olympiques de Rio. C’est assez logique et pour tout dire assez humain.

L’explication est simple. La pression pour la qualification aux JO avait été plus forte qu’on ne peut l’imaginer et celle-ci plus difficile à obtenir que nous avons bien voulu le dire. Et il faut savoir que la décompression du cavalier se transmet aux chevaux. Il faut aussi préciser que nous avons changé de groom au dernier moment, avant le MRT, et que notre organisation a été perturbée. Il faut, enfin, confier que nous étions encore sous le coup de notre déception de Rio où nous avions les moyens de faire beaucoup mieux. Si nous nous étions qualifiés pour la finale, tous les rêves auraient été permis car nous avions le cheval pour réaliser un exploit.

Nous avions donc besoin de relâcher un peu la pression afin de revenir plus fort. De toute façon, nous n’avons plus le choix. Nous sommes obligés de faire une très bonne tournée aux Emirats Arabes Unis, en février, afin de remonter au classement dans la Ranking List. C’est indispensable pour continuer à être invité dans toutes les grandes compétitions aux quatre coins du monde. 2017 peut être une très grande année.

Nous espérons que cette tournée marquera les premiers pas d’un nouveau cheval dont nous avons grandement besoin pour épauler Quickly. Qu’on soit clairs, nous ne sommes pas certains que Quickly, qui sera âgé de 16 ans dans quatre ans, soit capable de participer aux prochains JO de Tokyo, en 2020. Mais nous ne sommes pas non plus certains que ce soit impossible. Nous devons donc mettre toutes les chances de notre côté. Et dans cette optique, nous avons besoin d’un cheval aux qualités semblables à celles de Quickly, capable d’avaler des barres à 1m60.

Quickly est en parfaite santé. Nous nous occupons tellement de lui avec l’amour et l’attention qu’il mérite. Mais nous devons le ménager. Trop l’utiliser, c’est le condamner à une fin de carrière trop rapide. Or, nous avons besoin de lui, de son talent, de sa folie, de l’image qu’il véhicule. Il gagnera des épreuves en 2017, c’est certain mais nous devons éviter l’épreuve de trop.

De la même manière, il ne faut surtout pas lui octroyer de trop longues plages de repos. Quickly est comme les sportifs de haut niveau ou les hommes politiques: après un mois de repos, il a du mal à remettre la machine en route. A la maison, à Bois-le-Roi, Quickly est très calme, relax, un peu fainéant, même. Il est froid comme du marbre. Il ne rue jamais. C’est ça un crack. En fait, il a le même caractère que les très grands chevaux de course. C’est sans doute la raison pour laquelle il conserve une santé étonnante malgré son âge. En fait, il ne devient une petite bombe qu’en compétition, dans les grands moments. Si le camion part sans lui en Grand Prix, Quickly gratte dans son box. Il montre qu’il n’est pas content.

Chez Quickly, tout se passe dans l’œil. Quand nous lui faisons faire trois ou quatre compétitions de suite, nous ne prenons aucun risque. Nous lisons dans son regard qu’il se sent bien, qu’il a envie. Vous l’aurez compris, nous devons trouver le bon équilibre. C’est compliqué mais comme c’est passionnant ! Pour toutes ces raisons, il est indispensable de trouver un cheval clef en main, prêt à remplacer Quickly aux JO de Tokyo s’il n’était pas en mesure d’être présent au Japon.

Bien sûr, nous possédons aussi Saphir de Talus. Nous sommes persuadés qu’il a le niveau des JO mais il n’est pas aussi précoce que nous le pensions. C’est la beauté du sport mais, dans le nôtre, c’est encore plus compliqué car il faut marier le cheval et l’homme. Nous parlons de Quickly, de Saphir de Talus mais nous ne devons pas oublier Porche du Fruitier. C’est bien sûr grâce à sa Majesté mais aussi grâce à ce cheval que nous avons atteint le haut niveau et décroché nos premiers podiums à l’époque où nous voyagions avec le drapeau marocain dans le camion...

Nous ne devons pas oublier. Ça n’a pas de prix. Aujourd’hui, Porche a de l’arthrite. Il ne sort plus beaucoup. Nous aimons trop les chevaux pour les surmener. Nous préférons arrêter un cheval en bonne santé plutôt qu’un cheval boiteux. Nous aimerions qu’il passe sa retraite dans les écuries de sa Majesté au Château de Betz. Là-bas, il sera choyé. Ça tombe bien car Porche est un cheval qui adore qu’on s’occupe de lui.

Viendra le jour où il sera temps de bâtir une statue en l’honneur de Quickly. Mais le plus tard possible, bien sûr ! Déjà, la dernière fille de Philippe Rozier, Lilou, a prénommé Quickly  le poney en peluche que le Père Noël lui a apporté. Décidément, Quickly est un cadeau du ciel.

 

Articles Liés

Placé comme un supplément à la fin du magazine Clin d’œil, le magazine Cheval du Maroc est un rendez-vous incontournable pour les amoureux du cheval et permet, aux non initiés de découvrir la filière équine aux multiples facettes. Il participe, également, à la création d’un lien social entre les différents intervenants du monde du cheval au Royaume. Entre les courses hippiques, le développement du cheval barbe, l’utilisation traditionnelle et moderne du cheval, l’élevage équin, le Salon du Cheval d’El Jadida, le sport équestre, les métiers du cheval ou les cartes postales du cavalier marocain Kebir Ouaddar, les intérêts de lecture ne manquent pas. 

Newsletter

Inscrivez-vous à notre newsletter. Si vous voulez vous tenir informé(e) de l'actualité et événements importants concernant le Cheval au Maroc

Back to Top