Au Haras d’Oujda, les défis ne manquent pas

FILIÉRE ÉQUINE

Attention, monument historique ! En dépit de sa rénovation, le haras national d’Oujda a conservé son âme. Celle d’un des plus anciens haras du Royaume.  Construit en 1913, juste après celui de Meknès (1912), il s’agit de la deuxième structure équine bâtie dans le but de permettre l’approvisionnement des troupes en chevaux.

De 1948 à 2011, il dépendra du ministère de l’agriculture de l’époque avant d’être rattaché à la SOREC, conformément à la stratégie du développement de la filière équine, à l’instar des autres Haras Nationaux, ceux de Meknès, Marrakech, El Jadida et Bouznika. «Le ministère de l’Agriculture avait cédé, à l’époque, suivant un cahier des charges précis, les haras régionaux qui sont appelés haras nationaux, dont celui d’Oujda, à la SOREC», confirme le directeur du haras, le Dr Mohamed Baya.

Ancien établissement hippique, le Haras National d’Oujda est devenu un outil indispensable, relais de la SOREC dans le domaine de l’élevage, œuvrant pour l’amélioration de la race équine, sa sélectivité dans un cadre flambant neuf dont la reconstruction s’est terminée à la fin de l’année 2012.

S’étendant sur une dizaine d’hectares, le haras national d’Oujda assure notamment l’accompagnement des éleveurs et la promotion des races arabe-barbe et barbes.

Actuellement, les éleveurs de la région se découvrent même une nouvelle orientation vers le pur-sang arabe, témoignant ainsi du succès des races autochtones. Situé côté nord du périmètre urbain de la capitale orientale, il est, en effet, réputé à travers le Royaume pour ses performances de production de l’arabe-barbe et du pur-sang arabe.

En chiffre, le haras national d’Oujda couvre une capacité de nouvelles naissances pouvant atteindre 1000 à 1100 poulains par an. Le haras dispose dans ses écuries, d’une cinquantaine d’étalons fournis par la SOREC, et agrée plus de 140 étalons privés issus des élevages et clubs équestres des alentours. «On gère une cinquantaine d’étalons nationaux,  et on a plus de 140 chevaux privés, ce sont des chevaux qui sont  mis  à disposition des éleveurs pour la monte et la reproduction», précise le Dr Mohamed Baya.

Le haras national d’Oujda affiche des statistiques remarquables: entre 2000 à 2300 juments sont saillies chaque année au niveau de toute la région de l’Oriental. «C’est lors de la saison de monte, période du 15 février au 15 juin de chaque année, que les éleveurs ramènent leurs juments au niveau de nos centres de monte, répartis selon les différentes provinces voisines» explique le Dr Mohamed Baya. «Et pour assurer un travail de proximité réussi, douze stations de monte et centres d’élevage sont répartis sur les provinces de la zone d’action, à savoir Taza, Boulmane,  Jerada et

Guercif.»

Depuis 2011, le Royaume a connu une nouvelle structuration de la filière équine. Les travaux de reconstruction du haras national d’Oujda ont permis la création de nouveaux locaux qui répondent aux nouvelles normes techniques internationales modernes et qui permettent d’accompagner l’évolution de la filière au niveau régional. Sept centres ont été reconstruits et sont opérationnels. «Cinq centres pratiquent l’insémination artificielle de l’arabe-barbe, du barbe et du pur-sang arabe» précise le Dr Baya. «Les sept autres utilisent la monte naturelle».

Les ambitions de la filière équine sont non seulement quantitatives mais aussi qualitatives. «Il faut impérativement améliorer l’encadrement des éleveurs privés de la région» dit le Dr Baya. «Il convient de  travailler l’amélioration génétique, l’acquisition des étalons performants, la formation des éleveurs au niveau de la région eu égard aux nouvelles techniques d’élevage.».

On comprend mieux pourquoi la SOREC a organisé, depuis 2012, des journées portes ouvertes au niveau des haras nationaux avec la participation des cadres de l’Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II qui ont présenté les nouvelles techniques de reproduction, l’alimentation, le bien être, la maréchalerie, les soins, et tout ce qui concerne l’entretien sanitaire des chevaux.

La SOREC n’a pas oublié les éleveurs qui étaient dans l’incapacité de se déplacer à Oujda. Elle a organisé des caravanes de sensibilisation auprès des centres de promotions d’élevages et stations de monte dans les provinces d’alentour. «Nous multiplions les ateliers de proximité qui sont efficaces» avoue le Dr Baya. «Nous avons tendance à travailler de plus en plus sur des thématiques pour canaliser davantage nos interventions. Ainsi, nous pouvons permettre à ces éleveurs de répondre à des besoins bien particuliers souvent ciblés lors des Journées Portes Ouvertes.»

On l’a compris, la formation est un pilier de la politique équine du haras National d’Oujda. D’autant que le Conseil de la Région de l’Oriental a signé un partenariat avec la région Française Champagne-Ardennes, appelée aujourd’hui Grand-Est. Dans le cadre de cet échange de compétences, le haras national d’Oujda a mis en place plusieurs actions de formation dans la préparation des chevaux aux utilisations modernes et traditionnelles.

Le haras National d’Oujda a aussi réfléchi à la transmission familiale de la passion de l’élevage. «On a sensibilisé pas moins de 200 fils d’éleveurs» se félicite le Dr Baya. «Ces fils d’éleveurs connaissaient le cheval selon un plan traditionnel, il était nécessaire de les former sur les nouvelles formes d’exploitation de la race équine. Avant de le mettre à disposition des éleveurs, un étalon privé doit passer plusieurs procédures de contrôle sanitaire assez pointilleuses. C’est une pédagogie indispensable».

Outre la reproduction et la formation, le haras national d’Oujda met aussi l’accent sur l’utilisation du cheval. «Quand nous encourageons l’élevage, on doit se pencher sur deux enjeux : l’organisation des concours, et la promotion de la Tbourida, notre art équestre traditionnel» dit le Dr Baya.  «Chaque année, nous organisons, au mois de Juin, quatre concours d’élevages régionaux pour la valorisation du cheval arabe barbe».

Les différentes catégories sont les poulains, les jument suitées, les juments non suitées… A l’image des autres  haras nationaux, celui d’Oujda organise les concours dans les lieux d’élevage. «C’est là où il y a une population importante» confirme le Dr Baya. «L’idée, c’est de motiver les éleveurs à produire des chevaux de haute qualité».

Pour la Tbourida, le Dr Baya n’est pas inquiet. «Elle représente une partie incontournable de notre patrimoine culturel au niveau de la région» se félicite le directeur. «Nous avons un concours régional, et un deuxième concours organisé sur la province de Taza. D’autres manifestations sont organisées, par les collectivités locales et les associations. L’objectif  principal est la préservation du cheval barbe. On insiste aussi sur la tradition en matière d’harnachement.»

Homme de passion, le Dr Baya s’intéresse aussi fortement au bien-être des chevaux ou à l’équithérapie. «A Berkane, un club a pris l’initiative de travailler avec une association qui prend en charge des trisomiques» se réjouit-il. «C’est une initiative locale que nous soutenons. C’est en effet la SOREC qui assure l’appui technique...»

Au Haras d’Oujda, les défis ne manquent pas.

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Placé comme un supplément à la fin du magazine Clin d’œil, le magazine Cheval du Maroc est un rendez-vous incontournable pour les amoureux du cheval et permet, aux non initiés de découvrir la filière équine aux multiples facettes. Il participe, également, à la création d’un lien social entre les différents intervenants du monde du cheval au Royaume. Entre les courses hippiques, le développement du cheval barbe, l’utilisation traditionnelle et moderne du cheval, l’élevage équin, le Salon du Cheval d’El Jadida, le sport équestre, les métiers du cheval ou les cartes postales du cavalier marocain Kebir Ouaddar, les intérêts de lecture ne manquent pas. 

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