Thomas Fourcy: «Le cheikh Al Thani était très heureux de gagner au Maroc»

COURSES HIPPIQUES

Ancien jockey de plat et d’obstacles ayant collaboré avec les plus grands entraîneurs, Thomas Fourcy marche sur les traces de ses maîtres. Installé à Royan depuis 2013, le jeune entraîneur français a engrangé les victoires au Meeting International de casablanca. Il nous a parlé, en exclusivité, de sa relation avec le Cheikh Al Thani, et nous a livré son regard sur les courses marocaines.

 

 

 

 

C’est l’histoire d’un ancien jockey qui, en trois saisons, est passé du statut d’espoir chez les entraîneurs à celui de conquistador. De la France au Maroc, des grandes victoires sur l'hippodrome du Tumulus à Gramat à son doublé lors du Meeting International de Casablanca, Thomas Fourcy force l'admiration.

Né à Doullens, entre Amiens et Reims, le 5 décembre 1979, Thomas est repéré, très jeune, par Guillaume Macaire, l’un des maîtres de l’obstacle. C'est en Charente-Maritime, à Royans, au sein de l’écurie d'Arnaud Chaille-Chaille que sa carrière prend un tournant décisif. Référence dans la profession, Arnaud reconnaît Thomas comme son successeur, lui fait découvrir les chevaux arabes et lui présente Hassan Mousli, génial éleveur de pur-sang arabes qui lui propose, en 2013, d’endosser le costume d’entraîneur.

Déjà vainqueur de l’édition 2015 du Grand Prix de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Thomas Fourcy a conservé son titre, en novembre dernier, dans l’épreuve reine du circuit marocain, triomphant également dans le Grand Prix de Son Altesse Royale le Prince Héritier Moulay El Hassan. Et même si bon nombre de turfistes s’attendaient à ce doublé, c’est un scénario inédit auquel on a pu assister.

L’ex-jockey français, qui enchaîne les succès à haut niveau (près de 20 succès dans les Groupe 1 PA), a en effet permis aux couleurs d’Al Shaqab Arabians, du Cheikh Joaan Al Thani, de s’illustrer pour la première fois dans le Royaume. La preuve que les courses marocaines sont une voie qu’empruntent, désormais,  les acteurs les plus prestigieux du circuit.

 

Cheval du Maroc.- Comment réagissez-vous après votre exploit lors du Meeting International de Casablanca ?

Thomas Fourcy.- Je suis très content d’avoir réalisé le doublé dans le Grand Prix de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. J’étais pourtant moins confiant que l’an dernier. Ceci étant, ça n’a pas été facile car les chevaux nés et élevés au Maroc ont progressé.

 

Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à courir pour la première fois au Maroc, dès 2015 ?

Je ne connaissais pas le Maroc, mais je suis quelqu’un qui aime me lancer de nouveaux challenges. En plus, ça me permettait de mettre mon cheval à l’épreuve de la compétition. C’est ce qui m’avait poussé à venir, d’autant que c’est toujours intéressant de faire gagner une course de Groupe à un cheval.

 

 

Pourquoi avez-vous décidé d’envoyer plus de chevaux pour participer au meeting international de Casablanca cette année ?

On avait reçu un très bon accueil, l’an dernier.  Du coup, je savais où je mettais les pieds. Et j’ai donc réservé deux ou trois chevaux pour venir courir les belles courses.

 

Quel impact votre succès dans l’édition 2015 du Grand Prix de Sa Majesté le Roi Mohammed VI avait-il eu en France ?

Dans le milieu des courses de pur-sang arabes, tout le monde avait été un peu surpris que j’aille courir et gagner au Maroc.

 

Quel est votre regard sur l’évolution des courses marocaines ?

Le niveau a bien progressé. Les courses marocaines se sont vraiment professionnalisées et elles n’ont plus rien à envier aux courses européennes dans la qualité de leur organisation. La qualité des chevaux est bien meilleure qu’avant. Mais, face à la France, au Qatar ou aux Emirats, c’est encore un peu compliqué pour rivaliser. Il faut préciser que les propriétaires marocains font beaucoup d’efforts et essaient d’améliorer leur élevage. Ils achètent de belles poulinières et prennent de bons étalons. Ils pourront bientôt rivaliser au plus haut niveau.

 

Quels sont les propriétaires d’écuries marocaines qui sont les plus proches du haut niveau ?

Karimine et Sedrati investissent beaucoup. A l’évidence, ce sont de grands éleveurs avec de grandes structures. Ils sont très professionnels et peuvent avoir beaucoup d’ambitions.

 

Comment les professionnels installés dans l’Hexagone perçoivent-ils les courses marocaines ?

Ils n’en disent que du bien puisque les échos que j’ai reçus sont excellents.

 

Pourriez-vous courir plus souvent au Maroc ?

Pour les belles courses ou pour des réunions avec plusieurs épreuves pour les chevaux arabes, oui, bien sûr. Car il faut pouvoir rentabiliser le voyage. En tout cas, je suis ouvert à toutes propositions pour venir courir au Maroc.

 

Pensez-vous que le nouvel hippodrome de Marrakech et ses futurs meetings hivernaux séduiront les professionnels français ?

Je ne peux pas vous le certifier parce que les voyages sont assez durs et assez physiques pour les chevaux. Mais il est évident que la ville de Marrakech fait rêver tous les Français...

 

Dans quelles circonstances avez-vous rencontré Cheikh Joaan Al Thani ?

La collaboration date de la vente Arqana lors du week-end de l’Arc de Triomphe, en 2012. C’est lors de cet événement que le Cheikh Joaan Al Thani a acheté sa première jument pur-sang arabe en France. Le lendemain, j’étais associé avec lui dans le Derby des Pouliches et nous avons gagné le premier Groupe 1 du Cheikh. Tout est parti de là puisque Hassan Mousli, l’éleveur de la jument, lui a ensuite proposé de mettre des chevaux chez moi. La première année, je n’ai reçu qu’un seul poulain, Al Mourtajez. Puis de fil en aiguille, le Cheikh Joaan a acheté de plus en plus de chevaux et m’a proposé un contrat d’exclusivité.

 

Combien de chevaux entraînez-vous pour Al Shaqab Arabians, l’entité pur-sang arabe du Cheikh Joaan Al Thani ?

J’entraîne cinquante pur-sang arabes, dont quarante pour le Cheikh et dix pour Hassan Mousli.

 

Le Cheikh Joaan Al Thani intervient-il sur le programme de ses représentants qui sont placés sous votre entraînement ?

Tout ce que le Cheikh Joaan veut, c’est gagner de grandes courses. Il me donne les moyens pour y arriver et avoir de bons chevaux. Après, quand il veut gagner une course, il me le fait savoir et on essaie de faire ce qu’il faut pour amener le cheval au mieux sur cette course-là. Maintenant, sur la carrière des chevaux, il me laisse gérer.

 

Pourrait-on revoir sa casaque au Maroc ?

Le Cheikh était très heureux de gagner au Maroc donc nous reviendrons, certainement, courir  au Royaume. En tout cas, personnellement, j’en ai très envie.

 

Quels sont les grands moments que vous avez vécus en tant qu’entraîneur ?

Evidemment, c’est de gagner de grandes courses. J’ai réussi à en gagner en France, au Maroc et au Qatar. C’est difficile à dire parce qu’il y a eu énormément de grands moments. En tout cas, depuis que je me suis installé à Royans, je vis un rêve. Je ne m’attendais vraiment pas à gagner autant de courses avec autant de bons chevaux. Bien sûr, il y a Al Mourtajez et ses huit victoires de Groupe 1. Mais il y en a plein d’autres et je prends vraiment beaucoup de plaisir à faire ce métier. 

 

Comment expliquez-vous la défaite de votre crack Al Mourtajez dans la Cheikh Zayed Bin Sultan Al Nayyan Cup ?

Initialement, cette course n’était pas à son programme. Mais l’entourage du Cheikh et le Cheikh lui-même m’ont demandé si le cheval était capable de courir cette course-là. Sachant qu’il avait gagné 1.600 mètres à Goodwood et que c’est un crack, je n’y ai pas vu d’inconvénients. La course s’est courue sur 1.600m, avec un train de 1.400m sur une piste légère. Il ne faut pas oublier que cette épreuve arrivait un mois et demi après la World Cup. Même si le cheval avait gagné très facilement à Chantilly, ce sont quand même de vrais combats. Donc avait-il vraiment bien récupéré ? Je ne sais pas. En tout cas, pour moi, le cheval n’était pas sur sa vraie distance. Il a été hors-jeu tout de suite et ça l’a un peu écœuré. 

 

Sa participation à la dernière étape de la Triple Couronne mondiale est-elle remise en cause ?

Non, non, pas du tout. Le cheval est bien au travail et il va donc courir l’Emir’s Word, en février.

 

Mis à part l’Emirs’ Word, avez-vous d’autres objectifs avec Al Mourtajez pour 2017 ?

On va déjà essayer de gagner l’Emir’s Word. Après on verra, car c’est un cheval qui peut peut-être prendre une troisième World Cup.

 

Quelles vont-être vos autres cartouches pour la saison 2017 ?

Je possède un cheval comme Khataab, qui a affiché de belles promesses et qui devrait bien vieillir. Donc il devrait participer aux bonnes courses cette année. Ensuite, j’ai un cheval comme Motrag qui a gagné le Derby des 3 ans et qui ne demande qu’à vieillir. Chez les 3 ans, j’ai un joli lot de mâles et de femelles. Donc voilà, cette année, on verra beaucoup de jeunes mais pas beaucoup de vieux. Et peut-être certains, au?Maroc...

 

En 2015, grâce à Alsaker, vous aviez permis à la casaque de M’hammed Karimine de s’imposer pour la première fois, en France, à la Teste de Buch. Entraînerez-vous d’autres chevaux de propriétaires marocains, en 2017 ?

Non, parce que j’ai un contrat d’exclusivité avec le Cheikh Joaan Al Thani qui ne me donne pas le droit d’entraîner pour d’autres propriétaires dans les courses de pur-sang arabe.

 

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