Meeting international du Maroc: M’hammed Karimine voit loin !

COURSES HIPPIQUES

C'est bien lui, la grande révélation des courses marocaines. Si M’hammed Karimine, découvert avec Faywarda, cultive la réussite de sa casaque depuis 2013, il n’a laissé aucune chance à la concurrence lors de la dernière édition du Meeting International du Maroc où il a terminé tête de liste chez les propriétaires.

Cette dernière décennie a apporté un souffle de professionnalisme et un vent de fraîcheur aux courses marocaines. Plusieurs écuries ont fait leur apparition dans la compétition. C'est le cas de la structure animée par le maire de Bouznika, M'hammed Karimine qui, lorsqu’il achète son premier cheval en 2012, formule le rêve de devenir le propriétaire le plus puissant du Royaume. Cinq ans plus tard, alors que le niveau des courses marocaines n’a jamais été aussi relevé, cette ambition est en passe de se réaliser. Sur les huit courses internationales programmées lors du dernier Meeting International du Maroc, les 19 et 20 novembre dernier, à Casablanca-Anfa, il en a remporté deux.

Ce sont d'ailleurs les plus importantes (autant symboliquement que financièrement) et elles font de lui le grand gagnant de cet événement, sommet de la saison des courses marocaines : La Valkyrie (Elusive City), celle qui a remporté le Grand Prix de Sa Majesté le Roi Mohammed VI des pur-sang anglais (INT-2.400m), lui a permis de triompher pour la première fois dans ce qui est considéré comme l'épreuve reine du circuit marocain. «Evidemment, je suis très satisfait de la victoire de la Valkyrie», a expliqué M'hammed Karimine. «Avant le départ, son entraîneur était hyper confiant. La jument avait survolé sa course préparatoire, alors qu'elle n'était qu'à 70% de ses moyens. De plus, l'opposition semblait vraiment à sa portée, avec un concurrent français inférieur sur le papier et un tenant du titre, Striving (Koningstiger) un peu vieillissant et qui n'avait plus couru depuis cinq mois. Ce succès n'est donc pas une surprise.»

Vainqueur, le samedi, donc, avec la Valkyrie, une élève de Eduardo Buzon-Bobillo, l’écurie Karimine accueille, le lendemain, un autre gagnant en orange fluo dans la catégorie pur-sang arabe. Toujours sous la coupe du metteur au point espagnol, Diabolo Hipolyte (Nashwan Al Kahlidiah) inscrit son nom au palmarès du Grand Prix de SAR le Prince Héritier Moulay El Hassan (Gr3 PA-1.900m) l'un des deux Groupes 3 PA programmés durant ce meeting. «La victoire de Diabolo Hipolyte est celle qui m'a fait le plus plaisir, a poursuivi le maire de Bouznika. Contrairement à La Valkyrie, le cheval a dû lutter et a mis son cœur sur la piste pour s'imposer, ce qui est beaucoup plus grisant.»

Et si le record de gains durant le week-end majeur des courses marocaines  appartient toujours aux rouges de Kamal Daissaoui (2015), devant les gris de l'écurie qataries d'Al Shaqab Racing (2016), le ''jeune propriétaire'' coloré de orange fluo muni d'une toque jaune, désormais troisième de ce classement, fait désormais incontestablement partie des plus grandes casaques.

Il faut dire que l’entrée dans le monde des courses de M’hammed Karimine n'est pas passée inaperçue, bien au contraire. Il l'a fait avec éclat en achetant des chevaux comme Al Antara (Akbar) vainqueur en 2015 du Grand Prix de Sa Majesté le Roi Mohammed VI des pur-sang arabes (Gr3 PA-2.100m), Faywarda (Il Warrd) ou encore Assafin Al Boraq (Yes Indeed Ah) qui ont tous triomphé au niveau des courses principales (la catégorie reine du circuit).

Depuis, son écurie, ainsi que son équipe, ont évolué et pris aujourd'hui des dimensions qui forcent le respect. En plus d'avoir fait signer Abderrahim Faddoul comme premier jockey, fait bâtir un centre d’entraînement assez unique entre Khemisset et Tiflet, il s'est également assuré les services d'entraîneurs de premier plan, comme Miloudi Ajana, Christian Delcross, Christophe Lermyte et depuis le début de l'année, l'ibérique Eduardo Buzon-Bubillo.

Dire que ce dernier assure avec brio la succession de ses prédécesseurs est un euphémisme dicté par un plamarès qui donne le vertige. Quatre ans après son premier partant, M'hammed Karimine a passé le cap des 385 victoires, dont 16 au niveau des courses principales, un score digne des plus grands. Aucune écurie n'avait connu une ascension aussi rapide jusqu'à présent. «Je suis honoré de voir mes couleurs briller au plus haut niveau», a-t-il confié.

Ambitieux jusqu’à l’obsession, M’hammed Karimine n’avait pour autant pas programmé une telle récolte. «Cela reste une vraie surprise pour moi» confirme-t-il. «Car je ne m'attendais vraiment pas à connaître une telle réussite en si peu de temps.»

Achetée lors d'une vente Fal Stud ( Docteur Mohamed Azzedine Sedrati) en 2012, Faywarda (Il Warrd) qui est née au Maroc, sera la première gagnante (le 6 décembre 2013 à Casablanca-Anfa) de la casaque orange fluo munie d'une toque jaune.

C'est également grâce à elle que son propriétaire vaincra pour la première fois dans le Grand Prix du Ministère de l'Agriculture (CP-2.400m), un certain 16 décembre 2015, sur l'hippodrome de Settat. La fille de Il Warrd et petite-fille de Marju  était pilotée par Jaouad Khayate et entraînée par C. Lermyte. Suite à sa brillante carrière de courses, elle est entrée au haras en cette fin de saison 2017 et sera saillie l'an prochain par Deportivo, un des quatre étalons appartenant à Karimine.

Ce succès sera accompagné la même année de celui de Artiste Lady (Artiste Royal) dans le Prix Zemmour (CP-2.100m), de Nawruz (Best of Luck) dans le Prix Ahmed Lyazidi/Critérium des 2 ans (CP-1.300m) et de I Am There (Medicean) dans le Grand Prix des Éleveurs (INT-1.750m). Originaire des terres de Tnine Chtouka, celles de son papa Ahmed, véritable berceau des courses de chevaux entre Casablanca et El Jadida où sa maman, Fatima, a grandi, M’hammed Karimine porte avec fierté et atavisme les couleurs de la casaque paternelle comme une déclaration d’amour éternel.

«Dès mes premiers pas, mon objectif a été de gagner les plus grandes courses», a précisé M'hammed Karimine, qui obtiendra ses premiers succès de prestige avec des chevaux achetés à des ventes aux enchères, aussi bien au Maroc qu'à l'étranger. «Simplement, je savais que ma réussite dans la casaque passe nécessairement par un bon élevage. C'est pour cela que j'ai également décidé de me lancer dans l'élevage en qualité et en quantité, d'autant qu’un des points faibles au Maroc, c'est l'élevage. On en a très peu et je comprends pourquoi maintenant, parce que c'est une chose absolument difficile. Pour avoir un bon élevage, il faut avoir de la patience, beaucoup de ressources et aussi beaucoup de réussite.»

2016, c'est donc l'année des débuts de chevaux comme Rajsman of Grine (Rajsaman), Illy de Grine (Naaqoos) ou encore Mureefa de Grine (Evasive) pour M'hammed Karimine. C'est l’année de l’entrée en piste des premiers représentants du Karimine-Stud, la structure d'élevage de M'hammed Karimine, qui se divise en deux parties réparties entre Bouznika et Tiflet.

Car le nouvel homme fort des courses marocaines a non seulement décidé de devenir le propriétaire le plus important du Royaume, mais il a également investi massivement dans l'achat de poulinières et d'étalons. Ces emplettes ont commencé à porter leur fruit fin 2016, avec un certain Leemon of Grine (Pomander), anglo-arabe né en 2014, qui a remporté le Critérium des 2 ans des anglo-arabes à 50% (CP-1.300m)

Sur tous les fronts, M’hammed Karimine, qui est  aussi Président de la Fédération Interprofessionnelle des Viandes Rouges (FIVIAR), fait donc l'actualité. Egalement victorieux cette année de la Poule d'Essai des Pouliches (CP-1.750m) et du Prix Mansour Dhabi (Listed PA-1.750m) avec Bint Grine (General), mais aussi du Prix Jawahir (Listed PA-2.100m) avec Diabolo Hipolyte, il a aussi goûté au succès, en France, avec Alsaker (Af Albahar) .

Il s’est même essayé à la discipline de l'obstacle, avec Royal Grine (Montmartre) lequel est actuellement à l'entraînement chez Lisa Carbery, dans l'hexagone. «En 2018, vous verrez de très bons pur-sang arabes de 3 ans issus de mon élevage se produire en compétition» lance-t-il comme une promesse. «D'ailleurs, plusieurs d'entre eux seront placés à l'entraînement en France, chez Elizabeth Bernard et Damien de Watrigant». En résumé, ces pensionnaires ont été placés à 1811 reprises pour un score de 2491 partants (superbe total !).

Ne travaillant pas seul, les félicitations iront également aux entraîneurs et aux jockeys à qui il a accordé sa confiance, sans oublier le dénicheur de talent qu'est Mohamed Aziz Bennani, qu'on pourrait surnommer œil de lynx, et encore à toutes les petites mains de l'écurie (lad, maréchal-ferrant; etc...) mais aussi à Saïd Souni, en charge de la partie élevage chez Karimin-Stud.

M’hammed Karimine, terreur des hippodromes, est aussi le champion des ressources humaines. «C’est un compliment qui me fait plaisir» dit-il...

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