Abderrahim Faddoul: Je rêve de porter les couleurs du Haras Royal

COURSES HIPPIQUES

Meilleur jockey marocain du moment, Abderrahim Faddoul est une des attractions des courses hippiques au Royaume. La pépite de Jalobey Racing, qui ne manque pas d’ambition, ne cache pas son rêve de porter les couleurs du Haras Royal.

Il flotte comme une atmosphère de banlieue chic sur Hay el Fath, un quartier paisible du Sud de Rabat, lové à six kilomètres du centre ville de la capitale marocaine. Ici, peu de bruit de klaxons, les moteurs ronronnent au ralenti, les enfants tiennent sagement la main de leurs mamans. Il faut descendre la route côtière  en direction de Harhoura, et tourner le dos à l’océan, en prenant à gauche, à hauteur du grand rond-point de Hay el Fath.

C’est là qu’Abderrahim Faddoul, le jockey marocain le plus en forme du moment, premier choix de l’écurie Jalobey Racing, l’une des écuries les plus en vue du Royaume, nous avait donné rendez-vous. Il nous attendait, calé dans sa  voiture, garée en double file. On a remonté, en sa charmante compagnie, l’avenue Hay el Fath sur quelques centaines de mètres  que nous aurions volontiers parcourus à pied, tant le quartier surnommé Rabat la douce, invite à la flânerie. Seulement, Abderrahim, 1m55 pour 51 kgs, qui souffrait des côtes, suite à une chute de cheval, souhaitait se ménager.

Pour dire vrai, nous lui avions proposé de déjeuner - l’interview a été réalisée avant le mois sacré du ramadan - au Sofitel Jardin des Roses, à Rabat. Il a décliné notre proposition préférant nous offrir un thé à la menthe, chez lui, pour une immersion dans son quotidien. L’hospitalité marocaine ne s’arrête pas aux hippodromes.... Pénétrer dans l’intimité d’un grand sportif est toujours un grand voyage.

Chez Abderrahim, dans son chaleureux 3 pièces, c’est un voyage au pays des souvenirs et des trophées. Le nombre de sous-verre immortalisant ses victoires lève notre dernier doute: nous sommes chez un champion. Celui-là même qui vient de remporter, coup sur coup, le Grand Prix SAR le Prince Moulay Rachid sur Famous Mark (Jalobey Racing)  et le Grand Prix Mohammed V avec Striving (Atlantique racing). Celui-là même qui vient de prendre une exceptionnelle troisième place en Suède, lors du Pramms Memorial, Listed couru sur une distance de 1730 mètres, sur Famous Mark (Jalobey Racing).

Pourtant, Abderrahim a commencé à monter assez tardivement. Né en 1993, entre Casablanca et El Jadida, à Bir Jdid, petite ville surnommée la Normandie marocaine, la terre des jockeys, là où Kamal Daissaoui a installé sa belle écurie - «c’est à côté de chez moi mais je n’ai jamais eu l’occasion de la visiter» dit-il -, il promène son enfance à travers les exploitations agricoles du papa. Et regarde avec envie Kacem, son frère, qui monte à cheval chez son ami Aziz Ibba, l’oncle du jockey réputé Khalid Ibba.

C’est chez Aziz qu’il enfourche sa première monture.?Il a quatorze ans. Cette expérience change sa vie. Il arrête l’école malgré l’inquiétude de ses parents. Il devient palefrenier. «C’est une des plus belles périodes de ma vie» confie Abderrahim. «Ce que j’ai appris à cette époque en lavant les écuries, en sortant les chevaux l’après-midi, en les tenant en main, en participant aux débourrages, me sert encore aujourd’hui dans mon métier de jockey.»

A 15 ans, il quitte Bir Jdid pour rejoindre son frère, Kacem, à Casablanca qui œuvre pour l’écurie de Zakaria Hakam. Là, il fait une des rencontres les plus importantes de sa carrière. En croisant le chemin de Larbi Cherkaoui, un des meilleurs entraîneurs du Royaume, il devient un autre garçon.

Larbi croit en Abderrahim comme le ciel bleu croit au soleil. «Il m’a fait monter très vite à l’entraînement» confirme Abderrahim. «C’est Larbi qui m’a appris les rudiments du métier. Je ne lui dois pas tout mais beaucoup.» Rien d’étonnant qu’Abderrahim porte actuellement, régulièrement, les couleurs de l’écurie d’Ismail Nassif dont l’entraîneur principal est un certain... Larbi Cherkaoui. «Après Jalobey Racing, Nassif est ma deuxième écurie» précise Abderrahim Faddoul qui porte aussi occasionnellement les couleurs des écuries Sedrati et Karimine.

En tout cas, Larbi Cherkaoui fait tellement bien son travail que Sharif El Alami, le propriétaire de Jalobey Racing, propose un contrat d’apprenti au jeune Abderrahim, alors âgé de 16 ans. «C’est la deuxième grande rencontre de ma carrière» assure-t-il. «En tout cas, je remercie Sharif El Alami de la confiance qu’il m’a accordée».

Pour Faddoul, confiance rime avec chance. Il a l’aubaine de rencontrer les plus grands spécialistes internationaux, à l’image de Jean de Roualle. Entraineur mythique, vainqueur du Prix de Diane avec Caerlina, c’est lui qui a façonné Abderrahim, chez Jalobey Racing.

C’est Jean de Roualle qui le lance pour sa première course, un Derby des apprentis, en 2011, à l’hippodrome de Casa-Anfa. Agé de 17 ans, Abderrahim prend une belle troisième place. Il prend surtout la direction de la France et de Chantilly où l’attend un autre monstre sacré, Pascal Bary, qui a eu sous sa responsabilité la jument mythique Divine Proportions montée par Christophe Lemaire.

A son contact et à ceux de jockeys comme Stéphane Pasquier, Abderrahim boit du petit lait. Et aussi paradoxal que cela puisse paraître, c’est en France, en 2013, à Cagnes, lors du championnat de la Mediterranée du pur-sang arabe qu’il remporte sa première course (1500m), sur Djarnizam Maamora (Jalobey Racing).

Il rentre au Maroc auréolé de cet exploit. Il ne bombera pas le torse pour autant. Il coiffera surtout ses adversaires sur le poteau en compilant les victoires en Grand Prix, à commencer par le Grand Prix Moulay Hassan 2011, sur le pur-sang anglais Billabong (Jalobey Racing). 

Pascal Bary ne masque pas son enthousiasme. «Abderrahim est le meilleur jockey marocain» assure-t-il. «Il a une capacité d’écoute assez incroyable. C’est une éponge. Il est respectueux, très généreux et très déterminé. Plus, il affrontera les meilleurs jockeys européens, plus il progressera. En tout cas, c’est un plaisir de l’accueillir chaque année, à Chantilly, pendant quatre mois.»

Abderrahim reçoit ces louanges avec la modestie qui est sa signature. «Le meilleur? Je ne sais pas...» hésite-t-il. «Je suis parmi les meilleurs. On ne compte pas plus de 10 jockeys de haut niveau, au Maroc. Mais, ça va changer. Je crois beaucoup au jeune Zouhair Madihi. Il a un énorme potentiel. L’École des Jockeys de l’Institut National du Cheval fait un super travail avec les élèves. J’adore leur donner des conseils. Je leur rappelle toujours que j’ai progressé en regardant pendant des heures des vidéos du jockey Olivier Peslier qui est la référence absolue dans l’art d’attaquer au bon moment. J’aimerais lui ressembler».

Abderrahim Faddoul a d’autres envies. «Je rêve de porter les couleurs du Haras Royal» lâche celui qui se rend chaque matin à l’hippodrome de Rabat-Souissi pour monter les chevaux de Jalobey Racing. «Si je porte un jour les couleurs du Haras Royal, je peux arrêter les courses...»

Comme une boutade à la mer...

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