Marcel Delestre : «Même la France est loin derrière le Maroc»

SPORTS ÉQUESTRES

Marcel Delestre ne tarit pas d’éloges sur les infrastructures de la Fédération Royale Marocaine des Sports Equestres. «Dar Essalam est unique au monde» dit le nouvel entraîneur qui vise la qualification du Maroc aux JO de Tokyo.

Les entraîneurs français ont la cote au Maroc. On pense,  bien sûr, à l’incontournable Marcel Rozier qui veille comme le lait sur le feu au couple star Kebir Ouaddar et Quickly de Kreisker.  Et quand il a fallu remplacer son fils, Philippe Rozier, à la tête de la sélection nationale de sauts d’obstacles, la Fédération Royale Marocaine des Sports Équestres et son Président Cherif Moulay Abdellah ont fait appel à un autre hexagonal, en la personne de Marcel Delestre.

Ancien compétiteur international, père de Simon, un des meilleurs cavaliers du monde, Marcel Delestre avance avec l’objectif chevillé au corps de qualifier le Maroc pour les Jeux Olympiques de Tokyo, en 2020. Le Mosellan, qui fut sélectionneur de la Colombie et entraîneur national des juniors et jeunes cavaliers pour la Fédération Française a déjà le recul nécessaire pour dresser un premier bilan de sa mission au Royaume.

Cheval du Maroc.- Pouvez-vous dresser un premier bilan depuis votre prise de fonction à la tête de l’équipe nationale?

Marcel Delestre.- J’ai découvert des cavaliers très motivés. Cela a été une première bonne nouvelle. Le niveau d’ensemble est également très encourageant. Forcément, dans pareilles circonstances, j’ai procédé à une revue d’effectifs qui a été très intéressante. En tout cas, je veux dire que tous les cavaliers marocains auront leur chance à un moment ou à un autre.

Connaissiez-vous déjà quelques cavaliers?

Outre Kebir Ouaddar qui est mondialement réputé, je connaissais Abdeslam Bennani Smires, le colonel Hassan Jabri et Leina Benkhraba que j’avais observés aux Jeux Équestres Mondiaux de Caen.

Quelles ont été vos premières décisions?

J’ai sensibilisé tous les cavaliers avec beaucoup de fermeté sur l’importance du travail des chevaux. J’ai fait beaucoup de pédagogie car nos cavaliers manquaient d’expérience dans ce domaine. Je dois avouer que j’ai été très surpris par leur prise de conscience, leur implication et leur motivation. Il va s’en dire que les bases sont capitales. Avant d’apprendre à courir, il faut apprendre à marcher.

Avez-vous déterminé un quota de cavaliers susceptibles d’intégrer l’équipe nationale?

Le chiffre idéal, c’est dix cavaliers. En 2018, il y aura deux compétitions très importantes: les Jeux Méditerranéens, à Tarragone et les Jeux Équestres Mondiaux à Tryon, aux Etats-Unis. L’objectif, c’est de bien figurer dans ces épreuves majeures. Il est évident qu’un même couple ne pourra pas participer aux deux compétitions. On doit donc composer deux équipes compétitives. Voilà notre défi.

Êtes-vous confiant?

Oui, bien sûr. Même si je n’aime pas évoquer les cas individuels, j’ai été très agréablement surpris par l’équitation de Samy Colman, Mehdi Benbiga ou Ali Al Ahrach lors de notre tournée estivale en France. Nous devons juste combler un petit retard sur la qualité des chevaux en investissant sur des montures de huit ou neuf ans que nous travaillerons pour les mener au très haut niveau. C’est indispensable pour nourrir espoirs et ambitions. Car Quickly de Kreisker, la star du Royaume, est un peu l’arbre qui cache la forêt.

La Fédération Internationale vient de porter à 3 le nombre de cavaliers par équipe au lieu de 4 pour les Jeux Olympiques. Est-ce une chance pour le Maroc ?

C’est surtout une mauvaise nouvelle pour le sport et l’équité. Avant, un cavalier pouvait avoir un souci ou un cheval pouvait être éliminé sans condamner son équipe. Désormais, on devra appeler ça, la roulette russe. C’est pourquoi beaucoup de spécialistes sont  opposés à cette réforme! On ne peut quand même pas concevoir une politique pour les seuls pays émergents qui ont déjà beaucoup de difficultés à figurer honorablement sur la scène internationale tant au niveau des cavaliers que des chevaux.

Une qualification par équipes aux JO de Tokyo, en 2020, est-elle envisageable?

Je suis venu au Maroc pour ce seul et unique objectif. C’est réalisable. Je veux aller le plus haut possible avec cette équipe. La qualification pour les JO est la grande ambition du Président de la FRMSE Cherif Moulay Abdellah. Nous devons être à la hauteur de l’ambition qu’il a pour le sport équestre et pour son pays. C’est aussi l’ambition des cavaliers, des entraîneurs, de toute la famille du cheval au Maroc. Tokyo est dans tous nos esprits mais nous devons d’ores et déjà préparer les JO de 2024 qui se dérouleront à Paris. Le Maroc possède, en effet, un réservoir de jeunes talents très intéressants à l’image de Rayan Al Ouarzazi et Sidi Ahmed Mamou qui se sont illustrés et qualifiés, à Alger, pour la  Finale FEI World Jumping Challenge ! Mon adjoint Thierry Clin va suivre ces jeunes cavaliers avec beaucoup de passion. Car il ne faut pas se contenter de dire que nous possédons un réservoir de talents, il faut s’en occuper et préparer ces jeunes avec l’attention qu’ils méritent.

Vous avez assisté à votre première Semaine du Cheval à Dar Es-Salam. Quelle est votre impression?

Amine Sajid a été un très beau vainqueur après une finale palpitante. Surtout, il est très jeune. C’est même le plus jeune vainqueur de l’épreuve chez les seniors, prouvant une nouvelle fois la richesse du potentiel des cavaliers marocains. Sinon, j’ai pu redécouvrir et apprécier la Fédération et Dar Es-Salam. Avec Dar Es-Salam, la Fédération Royale Marocaine dispose d’une qualité d’infrastructures qui n’a pas d’équivalent dans le monde. Aucune fédération au monde ne possède de tels équipements. Trouver mieux, c’est impossible. Même la France est très loin derrière le Maroc. Avec de tels outils, nous n’avions pas le droit d’envisager l’échec.

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Placé comme un supplément à la fin du magazine Clin d’œil, le magazine Cheval du Maroc est un rendez-vous incontournable pour les amoureux du cheval et permet, aux non initiés de découvrir la filière équine aux multiples facettes. Il participe, également, à la création d’un lien social entre les différents intervenants du monde du cheval au Royaume. Entre les courses hippiques, le développement du cheval barbe, l’utilisation traditionnelle et moderne du cheval, l’élevage équin, le Salon du Cheval d’El Jadida, le sport équestre, les métiers du cheval ou les cartes postales du cavalier marocain Kebir Ouaddar, les intérêts de lecture ne manquent pas. 

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