Driss Korbi, secrets d’un palefrenier

DES MÉTIERS ET DES HOMMES

Anciens techniciens de boxes, les palefreniers sont aujourd’hui de vrais accompagnateurs de vie du cheval et contribuent fortement à l’amélioration de l’environnement et des performances de l’équidé. Gros plan sur un métier qui a évolué avec Driss Korbi, référence du Haras National de Bouznika.

Il assure le nettoyage des écuries, il cure les sabots, il étrille, il brosse le poil, il change la litière, nourrit les chevaux et les panse. Ensuite, il les sort du box pour une petite promenade, les prépare aux épreuves physiques et, bien sûr, cerise sur le gâteau, il les monte régulièrement. Driss Korbi est un bel homme de 26 ans, dans la force de l’âge. Il est palefrenier. Sa journée de palefrenier commence à 7h du matin. Son métier est la base des autres métiers liés à la filière équine. C’est un rouage indispensable à la vie des chevaux et au bonheur des cavaliers.

Tôt le matin ou tard le soir, le palefrenier veille au bien-être du cheval comme un père chouchoute son enfant. Au Maroc, la mission d’un palefrenier évolue et prend de nouvelles dimensions. En effet, il n’est plus question d’un simple technicien de boxes, mais il s’agit aujourd’hui d’un accompagnateur de vie qui contribue fortement à l’amélioration de l’environnement et des performances de l’équidé.

S’il existe bien un homme qui murmure aux oreilles du cheval, Driss Korbi en est la preuve vivante. Palefrenier depuis plus de 12 ans, il a fait du cheval sa vie et il vit à ses côtés depuis toujours. Il nous a accueillis au Haras National de Bouznika où il s’occupe de Robson, comme des autres chevaux, depuis cinq ans.

Palefrenier dès son enfance, il rejoint le Haras de Bouznika pour confirmer  son dévouement au métier et sa passion pour le cheval. Là, au gré des formations internes, il est deveneu soigneur, chuchoteur et dresseur éthologue. «Il me suffit juste d’un regard pour comprendre ce que le cheval ressent» confie Driss. «Je sais s’il est heureux ou s’il est contrarié. S’il est épanoui ou s’il a subi un préjudice dans le passé. Et cela permet de concevoir la meilleure façon de travailler avec lui», nous confie le palefrenier.

Un palefrenier s’occupe non seulement de l’environnement du cheval et de son hygiène mais il doit également accomplir avec lui plusieurs activités au quotidien afin de préserver ou améliorer sa condition physique.

On n’est pas inquiet pour Robson. La tête hors du box, il la secoue énergiquement à la vue de Driss. Aucun doute. «Il s’agit là de l’expression d’une excitation joyeuse» traduit Driss.

En ouvrant la porte, Robson se laisse caresser avec une gourmandise attendrissante. Driss vérifie son abreuvoir avant de jeter un œil sur ses fers, puis son lit. Tout va bien. Il le selle, toujours en échangeant quelques jolies tendresses et mots délicieux.

L’heure de la sortie a sonné.  Robson est content. Inutile de comprendre le langage du cheval pour le percevoir. «Hier, j’ai fait courir mon cheval» précise Driss qui ne manque jamais une occasion de montrer son lien affectif et possessif avec l’équidé. «Aujourd’hui, il sait qu’il va au paddock. Le cheval a un tempérament assez particulier qui le distingue des autres animaux.  Il faut lui varier les activités pour qu’il garde la meilleure condition psychique qui lui permettra de monter en performances durant les entraînements. Il faut vraiment comprendre son état d’esprit avant de lui imposer un effort. Sinon, il risque facilement de le rejeter».

Chaque jour, Driss, comme les quatorze autres palefreniers du Haras, est vigilant aux moindres changements d’habitude ou de tempérament de ses protégés et veille à leur état de santé.  Il repère tout comportement anormal, blessure, nervosité, refus de s’alimenter. Il est même capable de dispenser quelques soins vétérinaires élémentaires en cas d’urgence.

L’expérience de palefrenier a permis à Driss d’acquérir une aisance et une fluidité de communication avec le cheval quelle que soit sa race. «Chaque cheval a son tempérament, le pur-sang arabe est un cheval assez énergique» dit-il. «Du coup, il faut être très calme pour pouvoir communiquer avec lui. Contrairement au barbe qui est plutôt très posé, il comprendre rapidement mais nécessite beaucoup d’énergie pour répondre à la communication».

Driss Korbi est aujourd’hui un dresseur éthologue respecté. Sa polyvalence est devenue indispensable au Haras national de Bouznika. Il n’hésite jamais à exercer les autres métiers, en parallèle, comme maréchal -ferrant, ou encore chuchoteur, quand on fait appel à lui. Il a fait du cheval son univers, son métier et sa passion.

Originaire de Benslimane, où il a vécu sa tendre enfance, il a quitté ses études très tôt pour se consacrer entièrement au monde équestre. «S’occuper du cheval est un bien-être personnel plus qu’un simple métier» avoue-t-il. «C’est le seul animal avec lequel nous pouvons coexister en parfaite harmonie» a-t-il avoué. Il a commencé à monter à cheval à l’âge de sept ans sur les chevaux de l’élevage familial. «Quelques années plus tard,  j’ai décidé d’aller plus loin et j’ai travaillé dans d’autres fermes afin de renforcer mes connaissances et mes compétences avec le cheval».

Et cette expérience porte ses fruits. Nombreuses sont les courses et les concours qu’il a remportés dès l’adolescence à l’image du Festival de Bouznika ou du Mousem al Inab. Il a même brillé  dans des concours de randonnées. N’empêche, Driss ne trouve pas son bonheur dans ses seuls succès mais il s’épanouit dans sa relation avec le cheval. «Quand on est dans un concours, on peut monter l’animal une seule fois et ne plus le revoir» explique Driss, qui continue à participer aux concours de Tbourida. «Le cheval n’est plus alors qu’une simple monture. Il n’y a pas de contact ou de lien qui se construit et perdure. En plus, le cheval risque de se blesser et cela me faisait très mal au cœur. J’ai toujours aspiré à le mettre dans les meilleures conditions et à travailler sur son bien-être».

Exercer le métier de palefrenier demande beaucoup de douceur et de sensibilité. C’est un métier prenant mais la passion reste un moteur très puissant. Et valorisant. «Financièrement, j’ai rapidement évolué» confie Driss.  «Mais le plus important pour moi était de faire quelque chose que j’aimais. Et le contact avec le cheval n’a jamais eu de prix à mes yeux. Même durant mes jours de congés, je me retrouvais dans les boxes, heureux, à nettoyer et à m’occuper de mes chevaux. Je passe toutes mes journées avec le cheval. Il m’apporte beaucoup de bien et c’est normal que je le lui rende».

Aujourd’hui, sa riche expérience avec le cheval lui a permis de devenir dresseur éthologue. L’idée, c’est de dresser le cheval en utilisant une nouvelle façon de communiquer avec lui qui se base sur la délicatesse et  se concentre sur l’étude comportementale et psychologique. «Pour obtenir le meilleur d’un cheval, il faut tout aussi bien travailler le contact, le bien-être,  le comportement pour améliorer la condition physique» confirme Driss. Pour cela le dresseur doit savoir communiquer avec le cheval sans le vexer. Il faut faire appel à des méthodes non violentes ni contraignantes basées sur la compréhension de la nature de l’animal, de ses besoins et de ses envies.

«La réussite du métier dépend également du travail d’équipe entre accompagnateurs et responsables palefreniers, soigneurs et manager de la SOREC» assure Driss. «Nous  communiquons beaucoup entre nous. Nous faisons régulièrement des réunions pour évoquer de l’état de chaque cheval et assurer son suivi dans les meilleures conditions».

A Bouznika, les chevaux sont entre de bonnes mains...

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